La jeune Espagnole Paula Ostiz Taco a livré une performance exceptionnelle sur les pentes ardues de Kigali, s’imposant grâce à un sprint parfaitement maîtrisé lors de la course sur route junior féminine des Championnats du monde UCI samedi. Cette victoire offre à l’Espagne son tout premier titre mondial dans cette catégorie.
Un départ stratégique et exigeant

Leyre Almena Requena attaque et ouvre la course.
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La course de 74 kilomètres s’est déroulée sous un ciel africain chaud, devant une foule enthousiaste. La première offensive décisive est venue de Leyre Almena Requena, également d’Espagne, qui s’est élancée seule et a tenu la tête pendant plus d’une heure. Cette initiative a étiré le peloton et forcé les autres nations à décider si elles devaient la rattraper.
Entre-temps, les montées pavées de la Côte de Kimihurura ont commencé à faire la différence. Plusieurs coureuses, notamment de France, des États-Unis et d’Ukraine, ont peiné et décroché progressivement. Une chute de l’Italienne Giada Silo dans un virage a provoqué un moment de tension, mais elle a rapidement réintégré le peloton.
À l’arrière, la Néerlandaise Megan Arens, championne du monde junior du contre-la-montre, semblait en difficulté : elle perdait régulièrement le contact dans les ascensions et dégringolait dans le classement. Elle a finalement terminé 20ᵉ, loin de toute ambition pour le maillot arc-en-ciel sur la course sur route.
Tsige Kiros se relève, Anja Grossmann contrôle

Tsige Kiros d’Éthiopie se bat pour revenir dans la course.
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Le drame a frappé l’Éthiopienne Tsige Kiros, victime d’un problème mécanique juste avant les pavés, qui lui a fait perdre des secondes précieuses. Imperturbable, elle a lancé une chasse acharnée pour revenir dans le groupe de tête, offrant aux espoirs africains un sursaut de courage.
À l’avant, le rythme était principalement imposé par la Suisse Anja Grossmann. Calme et méthodique, elle a contré chaque attaque. Les Australiennes attendaient leur moment, tandis que la Britannique Arabella Blackburn tentait de dynamiser la course en accélérant.
Chaos dans les derniers tours

Anja Grossmann leads and controls race
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À deux tours de l’arrivée, alors que 37 coureuses étaient encore en lice, la course était tendue et imprévisible. La Tchèque Antonie Cermanova lança une attaque ; Roos Muller (Pays-Bas) répliqua aussitôt, mais Anja Grossmann sut calmer la situation. La Grecque Eirini Papadimitriou tenta alors un long raid sur la droite, rapidement neutralisé par l’Espagne pour protéger sa leader.
Quand la cloche annonçant le dernier tour sonna, le peloton ne comptait plus que 24 coureuses. L’Australie et Kiros relancèrent la course, mais chaque mouvement était couvert. La fatigue se lisait sur tous les visages et, sous le soleil rwandais, les bouteilles volaient dans tous les sens.
Kimihurura ouvre le final palpitant

Erin Boothman déclipse sa pédale sur la Côte de Kimihurura et perd le contact avec le final de la course.
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Puis vint la Côte de Kimihurura — des pavés irréguliers qui mettaient à rude épreuve des jambes déjà fatiguées. Grossmann porta une attaque décisive, éclatant le groupe. Kiros céda finalement, tout comme Tully Schweitzer d’Australie et Erin Boothman de Grande-Bretagne, cette dernière étant victime d’un nouveau problème mécanique au pire moment et ne parvenant pas à terminer la course.
Boothman semblait en proie à une véritable malchance sur les pavés : son incident sur Kimihurura faisait écho à sa mésaventure lors du contre-la-montre junior féminin la semaine précédente, alors qu’elle était en lice pour l’or avant que son pied ne se décroche de la pédale.
Paula Ostiz Taco devance Grossmann, Pegolo et Swierenga dans le sprint pour le maillot arc-en-ciel

Paula Ostiz Taco gagne le sprint et deviens championne du monde des femmes juniors World Champion in Kigali.
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Du chaos émergèrent cinq survivantes : Anja Grossmann, l’Italienne Chantal Pegolo et la discrète chasseuse espagnole, Paula Ostiz Taco, parmi elles. À 200 mètres de l’arrivée, alors que la route s’aplanissait, Kiros tenta une dernière attaque désespérée pour décrocher un podium africain, sans succès.
Ostiz, protégée toute la course par ses coéquipières espagnoles, déclencha son sprint comme une véritable catapulte : calme jusqu’au moment parfait, puis explosion totale. Elle passa Grossmann et Pegolo pour franchir la ligne en tête, les bras levés et les larmes aux yeux. Pegolo et Grossmann durent se contenter de l’argent et du bronze, tandis que Sidney Swieringa échoua au pied du podium.
Enfin l’or pour Paula Ostiz Taco

Paula Ostiz Taco après qu’elle est devenue championne du monde des femmes juniors
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Pour Ostiz Taco, cette victoire était une rédemption après les médailles d’argent obtenues lors de la course sur route mondiale de l’an dernier et du contre-la-montre de mardi.
« C’est un rêve qui se réalise », a-t-elle confié, la voix émue, lors d’une interview avec les médias. « Ma famille me regarde en ce moment, et je ne peux que remercier Dieu. »
En évoquant sa stratégie, elle a ajouté : « Je savais que je devais conserver mes forces jusqu’à la fin, car les montées étaient très exigeantes. J’ai fait confiance à mon sprint, et cela a payé au moment décisif. »
Yvonne Masengesho et Liliane Uwiringiyimana terminent fièrement

Yvonne Masengesho et Liliane Uwiringiyimana saluent les fans rwandais avant la course
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Le pays hôte, le Rwanda, a également montré de belles performances sur ses routes. Yvonne Masengesho et Liliane Uwiringiyimana ont affronté avec courage le circuit exigeant de Kigali, terminant respectivement aux 48ᵉ et 49ᵉ places.
Elles faisaient partie des seules 57 coureuses à avoir terminé la course, récoltant les applaudissements du public local pour leur ténacité sur l’un des parcours les plus difficiles jamais proposés pour ces championnats.
Course sur route junior féminine : Top 10
- Paula Ostiz Taco (ESP): 2:09:19
- Chantal Pegolo (ITA): m.t.
- Anja Grossmann (SUI): m.t.
- Sidney Swierenga (CAN): m.t.
- Giada Silo (ITA): + 3 secondes
- Thais Poirier (FRA): m.t.
- Tsige Kiros (ETH): m.t.
- Neve Parslow (AUS): m.t.
- Maria Okrucinska (POL): m.t.
- Alyssa Sarkisov (USA): m.t.